Comment mieux appliquer les guides ?


Le KCE trace quelques pistes pour faciliter l’application des guides de pratique cliniques (Le Journal du Médecin).

Le saviez-vous ? Medline, la célèbre base de données de la National Library of Medicine (USA) s’enrichit tous les jours de plus de 2.000 nouvelles publications. Comment les professionnels de la santé se retrouvent-ils dans cette masse d’informations ? Pardi! Grâce aux “guides de pratique clinique” (guidelines). Mais qui ne sont pas toujours, selon le KCE, simples à utiliser.

A la base de cette recherche du KCE, la constatation que les médecins ne suivent pas souvent… les guidelines du KCE.
87% des médecins les utilisent

“Une vaste enquête a été lancée en septembre 2016 auprès des professionnels de santé belges (médecins, infirmiers, sages-femmes et kinésithérapeutes) pour voir s’ils utilisent les guidelines, dans quelle mesure ils les apprécient et comment ils souhaitent les voir améliorés. Les pratiques dans sept autres pays européens ont également été analysées. Des 2.500 réponses valables recueillies lors de cette enquête, il ressort que 87% des médecins, 68% des kinésithérapeutes, 67% des infirmiers et 61% des sages-femmes font un usage régulier des guidelines.”

Ce qui laisse un champ pour ceux qui ne les utilisent pas.

Pour quelle raison ? Selon le KCE, c’est d’abord parce qu’ils sont rébarbatifs car très codifiés. Normal lorsqu’il s’agit de recommander telle classe de médicament ou tel traitement. L’implication sur le patient est immense. “Il faut au contraire analyser l’ensemble des publications parues dans la littérature scientifique internationale, sélectionner celles qui sont au-dessus de tout soupçon et en analyser le contenu selon des procédures codifiées et enfin rédiger des recommandations dans un langage clair, non équivoque et compréhensible par tous les utilisateurs potentiels.”

87% des médecins, 68% des kinésithérapeutes, 67% des infirmiers et 61% des sages-femmes font un usage régulier des guidelines.

D’où l’idée d’offrir aux médecins des arbres décisionnels simples sous forme d’application informatique. Le KCE en a lancé une en janvier dernier pour déterminer les examens à prescrire à un patient (ou pas) avant une intervention chirurgicale http://preop.kce.be/. “Le nec plus ultra, ce sont les evidence-linkers, sortes de “pop-ups” qui apparaissent dans le dossier médical informatisé en fonction des caractéristiques du patient pour informer le praticien de l’attitude et/ou des actions spécifiques indiquées dans son cas précis.” Ensuite, il faut les rendre intelligibles pour le patient afin d’augmenter son empowerment.

“Un autre facteur critique pour l’usage des guidelines est la confiance dans l’organisme qui les produit. Les prestataires de soins ont tendance à privilégier les guidelines émanant de leur propre institution ou société scientifique (locale, nationale ou internationale).”

Le KCE souhaiterait donc une participation plus étroite avec par exemple les sociétés scientifiques.

Enfin, on attend beaucoup du cadre cohérent de guidelines belges existants décidé par Maggie De Block. “Actuellement, en effet, les acteurs qui produisent des guidelines sont nombreux et, même si les recommandations émises sont généralement de bonne qualité, l’image d’ensemble est assez incohérente : il est difficile de comprendre qui fait quoi. Le futur plan pourra notamment s’appuyer sur une initiative déjà en place : EBMPracticeNET. Ce net incorpore les recommandations dans les dossiers médicaux électroniques (contextual aids, evidence linkers).”

Les formulaires eMEDICS sont génériques et permettent de contenir l’intelligence de la codification, permettant ainsi au corps médical d’utiliser efficacement  n’importe quel guide médical